Faire ses graines . . .
Quel plaisir, quelle joie de cohabiter avec le végétal . . .
. . . de l'accompagner jusqu'à la fin de sa vie (pour les plantes annuelles et bisannuelles) , de suivre dans sa globalité le cycle de la graine à la graine,
. . . oser faire une intrusion discrète dans son intimité, en observant les fleurs d'un peu plus près. Discrète car au moment du mélange des chromosomes dans le noyau, vous ne serez pas là, les mystères de la génétiques se déroulent à une échelle inabordable à l’œil nu
.
. . . tout en respectant sa dignité ! C'est-à-dire son cycle, son rythme et son environnement.
Quel émerveillement de découvrir la diversité du monde végétal . . .
le nombre de variétés, la variabilité au sein même d'une espèce
. . . chez la tomate, de la petite cerise jaune et juteuse à la grosse russe, rose ou rouge, charnue et sucrée . . .
. . . chez le haricot, la diversité de port de la plante : nain ou à rame,
de forme et de couleur de la gousse : vert, violet, beurre,
diversité de couleur du grain, et les grains multicolores dont l'expression instable nous offre des surprises à chaque génération,
. . . chez la laitue où en jouant avec les variétés, on peut en cultiver presque tout l'année,
. . . chez le maïs, où le grain est denté ou corné, de blanc à noir en passant par bicolore, donnant parfois lieu à des épis multicolores !
Quelle responsabilité . . .
. . . de se positionner et d'assumer sa liberté de choisir les variétés qu'on cultive, de cultiver son autonomie,
. . . de participer à faire vivre cette diversité,
. . . d'échanger ses graines, qu'on a produites dans une recherche de qualité parce qu'on est responsable de ce qu'on donne aux autres,
à travers la création de réseaux
formels autour d'un conservatoire ou d'une Maison de la Semence,
ou informels, entre amis, voisins, passionnés . . .
l'occasion de moments de joie et de partage, dans le « faire ensemble »,
mais aussi une façon d'asseoir notre gouvernance sur les semences.
Vous auriez voulu que je vous parle de multinationales, d'hybrides, d'ogm et de privatisation du vivant ?
Oui, j'aurais pu . . . mais ma façon de lutter contre, c'est d'agir pour . . .
Valérie Abatzian